Lors de la 12ᵉ édition de l’ACA Insurance Day, la table ronde dédiée aux « Conséquences du changement climatique sur le secteur de l’assurance » a captivé l’attention des participants. Sous la modération de Philippe De Longueville, Head of the Belgian Branch chez Gallagher, le panel a rassemblé des experts reconnus : Valérie Scheepers, directrice au Commissariat aux Assurances, Rachel Delay, Group Head of Sustainability chez Convex, et Thierry Langreney, président de l’ONG Les Ateliers du Futur et auteur d’un rapport sur la résilience du secteur face aux enjeux climatiques.
Les panélistes ont ouvert le débat sur l’accélération des phénomènes climatiques extrêmes, de plus en plus coûteux pour les assureurs. Valérie Scheepers a expliqué qu’au Luxembourg, bien que l’assurabilité ne soit pas encore un problème critique, le soutien des réassureurs reste indispensable pour absorber les pertes dues aux catastrophes naturelles. Les inondations de 2021 à Luxmebourg ont servi de point de départ pour illustrer la nécessité de renforcer la prévention et la sensibilisation. .Les taux de pénétration en assurance varient considérablement selon les pays, où certains citoyens perçoivent encore peu l’utilité de s’assurer, souvent en raison de l’intervention systématique de l’État providence.
Les autorités, en collaboration avec des institutions telles que l’EIOPA, ont initié des démarches comme la cartographie des risques pour identifier les lacunes de protection. Toutefois, des interrogations subsistent : la protection financière offerte à la population est-elle suffisante ? Ces initiatives, bien qu’existantes, ne rencontrent pas toujours l’adhésion nécessaire, même dans les zones les plus exposées.
L’un des points saillants abordés par le panel fut le rôle crucial des partenariats entre assureurs et pouvoirs publics pour maintenir un système d’assurance durable. Thierry Langreney a souligné que dans de nombreux pays, y compris en France, les modèles purement privés sont insuffisants pour garantir une couverture universelle des risques climatiques. Il a plaidé pour des mécanismes mixtes public-privé, citant en exemple le régime espagnol, qui permet de mutualiser les coûts entre les assurés les plus et les moins exposés.
Rachel Delay a quant à elle mis en avant l’importance des mesures de prévention et des outils de modélisation pour réduire l’exposition aux risques. Elle a également évoqué le rôle des primes climatiques, de plus en plus influencées par l’incertitude des événements météorologiques extrêmes.
Les discussions ont également mis en lumière les évolutions nécessaires en matière de gestion des risques. Le rapport ORSA (Own Risk and Solvency Assessment) s’est révélé un outil central pour les assureurs afin de mieux anticiper les impacts à long terme du changement climatique. Valérie Scheepers a détaillé comment cet exercice, bien que complexe, permet d’intégrer progressivement ces enjeux dans les stratégies des entreprises luxembourgeoises.
Rachel Delay a complété en expliquant comment Convex utilise des cadres spécifiques d’évaluation des risques climatiques pour anticiper les impacts à court, moyen et long terme, tout en identifiant les opportunités liées à la transition énergétique.
Un des messages forts de la table ronde fut l’importance de rendre les assurances accessibles à tous, y compris dans les zones les plus exposées. Thierry Langreney a insisté sur la nécessité d’une implication plus forte des États pour subventionner les primes dans ces régions, tout en établissant des mécanismes de tarification équitables. Cela permettrait d’éviter une situation où certains territoires deviendraient inassurables, comme cela commence à être observé en Californie.
Ce panel a mis en exergue les défis colossaux auxquels fait face le secteur de l’assurance face au changement climatique. Entre prévention renforcée, partenariats public-privé et adaptation des pratiques de gestion des risques, les intervenants ont tracé les grandes lignes d’une transformation nécessaire pour garantir la pérennité du système assurantiel.