ACA Insurance Day 2024 : Table ronde : IA : transformer le secteur – Atout stratégique ou défi ?

Le 12ᵉ ACA Insurance Day a une fois encore rassemblé les professionnels du secteur de l’assurance pour échanger autour d’un thème incontournable : l’intelligence artificielle (IA). Le panel intitulé « IA : Transformer le secteur – Atout stratégique ou défi ? » a offert une réflexion approfondie sur les opportunités et les challenges que représente l’adoption de l’IA dans l’assurance. Retour sur les points saillants abordés par les panélistes de renom : Sylvia Pucar (Insurance Leader and Audit Partner – PwC Luxembourg), Loïc Le Foll (Responsable de l’épargne patrimoniale Groupe AG2R LA MONDIALE et Directeur Général de La Mondiale Europartner), Pierre Nemeth (CEO & Co-Founder – SOPIAD), et Jean-Louis Schiltz (Senior Partner – Schiltz & Schiltz, avocats à la Cour).

Un secteur déjà engagé dans l’IA

Dès l’ouverture, Sylvia Pucar a mis en lumière une avancée notable : selon une étude récente, l’assurance se positionne parmi les secteurs les plus prometteurs pour l’implémentation de l’IA au Luxembourg. Contrairement à certaines idées reçues, le secteur de l’assurance, souvent perçu comme conservateur, s’avère être un terrain fertile pour les innovations technologiques. Les CEO interrogés dans l’étude sont unanimes : l’IA générative et prédictive jouera un rôle clé dans l’amélioration des produits, services et compétitivité, tout en redéfinissant les processus internes.

Les axes stratégiques de l’IA dans l’assurance

Sylvia Pucar a proposé aux panélistes d’explorer en premier lieu le champ des possibles.

Pierre Nemeth a détaillé quatre domaines principaux où l’IA peut transformer le secteur :

1. Efficacité opérationnelle : De la gestion des sinistres à l’intégration de données non structurées, les technologies d’IA optimisent les processus. En réduisant les délais de traitement de 30 à 50 %, l’IA allège considérablement les tâches répétitives.
2. Gestion des risques : L’IA renforce les capacités d’analyse des risques, qu’il s’agisse de prédire des catastrophes naturelles ou d’identifier des comportements frauduleux.
3. Personnalisation des services : L’analyse des données comportementales permet de proposer des produits mieux adaptés aux besoins spécifiques des clients.
4. Expérience client : Des chatbots aux outils de storytelling, l’IA améliore les interactions avec les clients, offrant transparence et clarté dans des services complexes comme la gestion patrimoniale.

Loïc Le Foll a par ailleurs insisté sur l’importance stratégique de l’IA pour préserver les marges des compagnies, en particulier au Luxembourg, où la pression réglementaire et les coûts opérationnels sont élevés.

Le constat des intervenants sur le panel est unanime : même si l’utilisation de l’IA est encore aujourd’hui a un stade assez simple, elle permet déjà de gagner beaucoup de temps.

Les défis à surmonter

L’IA n’est pas seulement source de perspective, elle soulève également de nombreux défis majeurs :

• Problèmes de ressources : Recruter et retenir des talents qualifiés est un challenge qui n’est pas nouveau, mais le fait que les entreprises prennent toutes le virage de l’IA dans une période de temps assez courte renforce le problème de ressources disponibles. Loïc Le Foll a également appelé à des initiatives nationales pour attirer et former des profils spécialisés.
• Qualité des données : Pierre Nemeth a insisté sur la nécessité d’avoir des données de qualité, structurées et accessibles pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA.
• Défis éthiques et réglementaires : Jean-Louis Schiltz a évoqué les enjeux de gouvernance liés à l’IA, notamment l’importance d’encadrer les décisions automatisées par des principes clairs pour éviter toute discrimination ou dérive.
• Coût énergétique : Le développement de l’IA nécessite une puissance de calcul élevée, augmentant les besoins énergétiques et les préoccupations environnementales.

L’importance de l’humain dans la transformation

Si l’IA promet des gains d’efficacité, les panélistes ont unanimement rappelé que l’humain reste au cœur de cette transformation. « L’IA doit être un outil au service de l’humain, pas l’inverse », a souligné Pierre Nemeth. Loïc Le Foll a insisté sur la nécessité d’accompagner cette transition par la formation et l’engagement des employés, illustrant ce propos par l’initiative de son entreprise de nommer des « champions IA » dans chaque département.

Une perspective optimiste

Malgré les défis, tous les intervenants se sont montrés optimistes quant à l’avenir de l’IA dans l’assurance. Jean-Louis Schiltz a conclu sur une note positive : « Le simple fait que tant de professionnels soient présents aujourd’hui montre que le secteur s’investit pleinement dans cette révolution. »

L’IA s’affirme ainsi comme un levier stratégique essentiel pour le secteur de l’assurance. Bien utilisée, elle peut non seulement améliorer la compétitivité, mais aussi créer de nouveaux modèles économiques et répondre aux attentes croissantes des clients. Cependant, son adoption devra s’accompagner d’une réflexion éthique, d’une gouvernance solide et d’un investissement dans le capital humain.

En route vers une transformation intelligente et durable, le secteur de l’assurance luxembourgeois prouve une fois encore sa capacité d’adaptation face aux grands enjeux de notre époque.